I.

27/04/2013 18:42

Samedi dix-sept juillet deux-mille-dix, Annecy, les vieilles prisons, deux heures du matin. L’homme pousse la porte, qui, étrangement, n’est pas fermée à clé. Mais il le savait. Il monte l’escalier qui le mène au deuxième étage. Il avance dans la pièce vide. Il referme la porte derrière lui. Le parquet grince un peu. La fenêtre est grande ouverte. L’air frais entre avec violence. Il s’avance pour la fermer. Alors qu’il tourne la poignée, un grand bruit. En-dessous, au premier. Mais il a rendez-vous là où il se trouve en ce moment. Il ne bouge pas. Des pas montent l’escalier. Très rapidement. De plus en plus vite. La poignée tourne et la porte s’ouvre. Très lentement. Une détonation. Deux. Trois. L’homme est étendu par terre dans une flaque rouge. Il n’a pas poussé un cri. L’autre, celui qui est masqué, referme la porte qu’il n’a même pas franchie et redescend doucement. Une fois sorti, il prend une petite clé dans sa poche et referme la porte, comme il l’a ouverte deux heures plus tôt. Il est calme. Mais surtout, il est satisfait. Il a accompli son travail, sa mission est terminée. Maintenant, il peut…

La lune est pleine, à peine voilée par quelques nuages inconsistants. La ville est déserte. Le sol est encore légèrement mouillé par l’averse de cet après-midi. Il passe devant la vanne sur le Thiou et se passe les mains et le visage à l’eau dans un petit bassin à côté du « Toutou Bar ». Il monte sur le pont qui mène au marché le vendredi. Après trente mètres, il tourne à droite. Il arrive sur la petite place. Il fait lourd depuis plusieurs jours. Et l’orage promis éclate. De toutes ses forces. Il est juste au-dessus. C’est assourdissant et c’est sinistre.

La plupart des habitants de la préfecture de la Haute-Savoie sont tirés brutalement de leur sommeil par les violents coups de tonnerre. Les nouvelles du lendemain n’arrangeront pas la fatigue due à la météo peu clémente.

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